Des clics politiques et des décryptages

La défaite de la droite

La défaite de la majorité présidentielle inspire à l’auteur du blog « Ce que je crois », un constat plus qu’amer. L’auteur, qui se présente comme « libéral convaincu », estime que la faute en revient au moins partiellement au président de la République. « En 2007, Nicolas Sarkozy a été élu grâce à un programme qui avait l'habileté de satisfaire les conservateurs, de laisser penser aux libéraux qu'ils allaient être enfin entendus, de flatter les "classes populaires" dans le sens du poil en leur laissant entrevoir des réformes qui leur ouvriraient les portes des usines, et d'une campagne électorale intelligente qui avait relégué au fond des sondages ses "adversaires" de droite, à savoir le FN. Depuis le soir même de son élection, le Souverain élu s'est attaché à faire méticuleusement l'inverse de ce qu'il avait dit. »

Pour l’auteur de « Ce que je crois », « l'enseignement que devrait tirer le pouvoir de ce scrutin, ce n'est certes pas de le dénier, certes pas de faire comme s'il n'existait pas, certes pas non plus de "gauchiser" encore un peu plus sa politique, mais au contraire de faire enfin ce qui avait été promis, à savoir de vraies réformes libérales. »

De l’autre côté de l’échiquier politique, dans son Petit théâtre de Martine Aubry, Marc Prévost, avant même le résultat des discussions en cours sur le remaniement ministériel attendu, assène pour sa part que « Valérie Létard aura bien besoin de son poste ministériel pour élever la voix au conseil régional face à une Marine Le Pen portée par ses résultats ».
La principale interessée, Valérie Létard, a simplement mis en ligne son discours de dimanche soir sur son site de campagne, tandis que du côté du blog de Marc-Philippe Daubresse, dont le nom circulait dans la journée pour un possible poste ministériel, c’est le silence radio.
Idem pour le blog du député UMP du Nord, Christian Vanneste, qui ne s’était pas privé d’une analyse au vitriol des résultats du premier tour.

La montée du FN

Quant à Aymeric Pontier, membre lui aussi de la République des blogs, il évoque une « farce électorale » et moque « la rumeur du jour » : « Il paraît que des "leçons" sont tirées par le pouvoir en place, tout en haut de l'État. Il est vrai que les élections intermédiaires locales ne visent plus à améliorer le sort des gens, mais à dire si on aime Nicolas Sarkozy ou pas. »
Ce qui l’inquiète, lui, c’est la montée du FN, qui « se porte bien elle en revanche, la haine est un commerce porteur comme chacun sait. »
Le vote Front national n’est pas un vote de haine, assure de son côté Steve Briois (élu au Conseil régional sur la liste FN). « Ce score n'est pas le fruit du hasard ou de la détresse des habitants du Nord Pas de Calais, il est le signe d'une véritable adhésion à ce que nous avons proposé pendant 4 mois : offrir aux habitants du Nord Pas de Calais une réelle opposition aux tentations hégémoniques du PS et de l'UMP rassemblés », assure-t-il.

L’abstention persistante

Le taux d’abstention (50,84% des inscrits n’ont pas voté ou ont voté blanc ou nul), occupe aussi beaucoup les commentaires. Certains s’énervent même, comme l’auteur de « Ce que je crois », qui s’emporte : « Je considère contre vents et marées que celui qui ne s'exprime pas lors d'une élection (sur les deux tours) n'a plus aucune légitimité à critiquer ensuite la politique qu'on lui impose... ».

Dans le Blog 2 Roubaix, on salue au contraire la « bonne nouvelle » de la baisse de l’abstention qui a « un peu régressé, mais si peu ».

« Crise citoyenne à Roubaix »

« Sur Roubaix, la participation a été de 34,29% (soit 64,71% d’abstention) », précise le Blog 2 Roubaix, qui précise que, sur le bureau de vote de l’Hommelet, « l’abstention a été de 73,79% (pour le bureau 389) et de 69,32% (pour le 388) avec une pointe de 74,32% pour le 385 ». Saluant au passage le travail des militants de « Je pense donc je vote » (le blog diffuse un reportage sur le sujet diffusé la veille sur France 3 Nord-pas-de-Calais), Le Blog de Roubaix ne tombe pas dans l’autosatisfaction, et évoque le « grappillage » de « quelques points », « mais malgré tout, l’abstention majoritaire ajoutée au score important du FN confirme une crise citoyenne à Roubaix qui laisse groggy nos élus locaux »

La gauche pense à la suite…


Marc Prévost, dans son Petit théâtre, évoque déjà les lendemains de la victoire de la liste de gauche rassemblée, sur un mode peu chantant. Regrettant que « les "vrais" dossiers de la région - Hénin-Beaumont, endettement, grands équipements,...- n'ont pas affleuré pendant cette campagne », il dépeint un Pierre de Saintignon qui « se pose déjà en successeur de Daniel Percheron, traditionnellement discret, après la première vice-présidence du CR prévue à mi-mandat. Son rôle pendant le mandat qui s'ouvre sera forcément accru. Raisonnement en symétrique inverse pour un Bernard Roman, par exemple. » Bernard Roman (PS), qui, de son côté, évoque un « résultat historique (qui) nous donne des devoirs, au premier rang desquels celui de responsabilité. Cette exigence partagée ne devra pas s'émousser au contact du calendrier politique. Si l'abstention s'est réduite entre les deux tours, elle reste à un niveau d'alerte qui invite à l'humilité et à la remise en question toutes les formations politiques. »
Quant à Marc Vasseur, il publie un long texte très argumenté sur ce qu’il estime comme une nécessaire transformation structurelle d’Europe écologie, jugeant que « ces élections régionales ont rendu caduque la seule distinction Verts/non Verts », il « se pose la question de l’organisation future d’Europe Ecologie », refusant d’emblée l’organisation en parti traditionnel, qui « sont désormais le lieu d’un certain clientélisme accentué par la faiblesse de leurs effectifs. »

Sur DailyNord, ce lundi, l’heure était à la remise des prix : Alain Boquet pour le meilleur acteur, Thierry Lazarro pour le meilleur second rôle masculin, et Valérie Létard pour le meilleur second rôle féminin… Et René Vandierendonck, maire de Roubaix, reçoit le prix du meilleur scénario. On vous laisse découvrir pour quelle histoire.

Matthieu Millecamps