Des clics politiques et des décryptages

Après tout, tant qu'une loi qui s'appliquera à tous les élus de la République (elle est attendue pour 2013) n'est pas votée, pourquoi se gêner ? Martine Aubry avait pourtant pris quelques précautions, demandant aux candidats à l'investiture pour les sénatoriales, d'abord, puis pour les législatives, à signer par écrit, un engagement "sur l'honneur" précise-t-elle régulièrement à lâcher le mandat d'exécutif local en cas d'élection. Concrètement, exit le cumul entre un mandat de député et une écharpe de maire. A la trappe aussi les présidences de Région, Département, vice-présidences et mandat d'adjoint. Même les intercommunalités sont concernées. Un grand ménage et un appel d'air pour ceux qui piétinent derrière, ce qui explique l'engouement pour les prétendants à de nouveaux trônes dès que l'on prononce le mot de non-cumul.
Sauf que ça n'est pas si simple. La patronne du PS n'a aucun moyen d'obliger les cumulards à s'appliquer la règle votée par les militants socialistes et entérinée par les instances nationales. S'il n'y avait qu'un ou deux récalcitrants, elle pourrait appliquer la règle maison, à savoir l'exclusion du PS, comme cela a été fait pour les candidatures dissidentes aux législatives. Vu qu'ils seront nombreux, impossible de décimer les troupes soutenant le gouvernement à l'Assemblée et au Sénat, surtout que ces parlementaires seront ceux qui devront voter la loi pour espérer qu'elle passe. Et vu comme ça traîne des pieds au Sénat où la majorité est très ténue, c'est à hauts risques.
Alors pourquoi s'entête-t-elle ? Il en est pour assurer qu'à l'heure où Martine Aubry va quitter la rue de Solférino à Paris "elle veut assurer son règne dans la région et essaye de placer son fidèle Pierre de Saintignon à la place de Daniel Percheron" qui cumule un mandat de sénateur et la présidence du conseil régional. Les relations sont déjà crispées, le fait que Percheron s'accroche à sa présidence ne va pas arranger les choses.
Et que dire de ceux qui n'ont pas la reconnaissance du ventre, comme Philippe Kemel dont Martine Aubry a soutenu l'investiture aux législatives contre Marine Le Pen au terme d'une primaire contestée ? Lui, à trouvé la parade. Il s'abrite derrière le fait que Marine Le Pen a déposé un recours contre son élection à l'Assemblée pour ne pas s'estimer concerné. Mais, au delà, sur le principe ? Réponses emberlificotées et emberlificotantes dont il ressort qu'il n'est pas du tout motivé. Sauf qu'il ne le dit pas clairement. Elle l'a fait roi, il lui tire dans les pattes. Aubry appréciera...