16/03/2010

Dis-moi, tu habites où ?

L’entre-deux tours de ces élections régionales est agité, ce n’est pas une surprise. Dans un scrutin de liste, il est logique que les familles politiques se recomposent après les séparations du premier tour. Mais, un moment ou un autre, il faudra bien que chacun sache où il habite. Et le dise. Là, pour le coup, ça tourne un peu au n’importe quoi.


Et, pour une fois, ce sont les habitués des embrouilles qui semblent les plus carrés. Les socialistes et les euro-écologistes ont bâti leur union sans avoir recours à l’esbroufe et au bourre-pif. Du velours. Pour cela, les militants du PS et des Verts peuvent en savoir gré Cécile Duflot et Martine Aubry.

Le Front de gauche, pour sa part, contribue à brouiller son message. Les communistes qui, rappelons-le, ne siégeaient pas dans l’exécutif sortant du conseil régional, ont tenté de la jouer à l’envers dans la nuit de lundi à mardi, en annonçant qu’ils se maintiendraient au second tour. Tout compte fait, penauds, ils ont accepté l’alliance mais sans Jackie Hénin, et avec un Alain Bocquet en queue de peloton. Une espèce de « oui mais » qui ne masque pas les tensions à venir entre socialistes-verts et communistes. Il y aura un budget à voter, à se prononcer sur les versements de subventions à des entreprises privées… Que se passera-t-il à ce moment ? Le Front de gauche ne sera pas plus à l’aise dans cette majorité qu’il ne l’était lors de la précédente mandature.

A droite, la situation n’est pas plus claire. Xavier Bertrand n’a de cesse de répéter que l’antisarkosysme ne fait pas un programme. Il n’a pas tort. Mais l’ultra-sarkozysme non plus ne fait pas un projet : l’UMP, qui, avant le scrutin, s’est attaché le soutien de CPNT, tente de convaincre maintenant les électeurs d’Europe-Ecologie de se ranger derrière la majorité présidentielle, s’ils ne veulent pas voter socialistes. Les Verts et CPNT ensemble… Cela semble aussi réaliste que de voir passer un poisson à bicyclette, pour plagier Pierre Desproges.

L’UMP fait aussi les yeux doux aux sympathisants du MoDem, qu’il invite à la même table que les Villiéristes. Pourquoi pas ? La Gauche moderne de Jean-Marie Bockel a bien accepté, elle. La vérité, c’est que la panique gagne les responsables de l’UMP qui nous avaient plutôt habitués à des réactions de sang froid. Résultat : un message incompréhensible. Sauve qui peut !

Enfin, le Front national, qui nous ressort le célèbre « N’ayez pas peur » d’avril 2002. Marine et Jean-Marie Le Pen ne gagneront pas de région, ils le savent, ils le disent. Alors, ils chassent sur toutes les terres. Ils appâtent tous les anti-socialistes, qu’importe leur philosophie. Un leitmotiv au FN : voter UMP, c’est voter socialiste. Derrière ce slogan, la volonté d’accroître son score et, du coup, son nombre de sièges.

Et c’est donc forts de ces arrangements, de ces appels « bidons » aux voisins que les partis politiques veulent convaincre les abstentionnistes de revenir à l’isoloir. Bon courage !
Samir HEDDAR

Les commentaires sont fermés.