25/11/2011

Affaire Carlton : le Grand Orient retrouve la parole

franc-maçonnerie, Grand Orient de France, Affaire Carlton, Guy Arcizet, logesAprès la parution dans notre édition de dimanche dernier (Nord éclair du 20 novembre) d'une enquête expliquant les liens maçonniques unissant divers protagonistes impliqués directement ou indirectement dans l'affaire du Carlton, le Grand Orient, principale obédience citée dans cette affaire, a remis en cause publiquement notre travail. Répondons-lui en quelques points.


Le Grand Orient n'a pas tardé à réagir après la publication de notre dossier de dimanche. Mardi, un communiqué nous a été adressé en forme de droit de réponse, communiqué également adressé à l'ensemble des rédactions de France et de Navarre.

Ce texte fustige les "erreurs publiées dans la presse régionale". "La presse régionale", comme s'il s'agissait d'un tout uniforme. Non, il s'agit bien de Nord éclair. Et ce qui a irrité le Grand Orient, c'est bien le témoignage circonstancié que nous avons publié dans cette enquête, qui évoquait des convois de "frères" d'une loge de la rue Thiers, à Lille, vers les maisons closes de Dodo la Saumure. Le tout, en bus.

Faut-il prendre ce témoignage pour argent comptant? Les journalistes qui ont recueilli ces propos ont bien sûr vérifié un certain nombre d'éléments inclus dans ce témoignage, qui leur ont paru cohérent, d'autant que d'autres sources évoquaient partiellement la même histoire. Ajoutons que cette histoire nous a été racontée par une personne sérieuse, et bien évidemment, pas par le premier illuminé venu. Ce qu'elle nous a raconté reste un témoignage, qui doit être pris comme tel.

On peut comprendre que cette révélation ne plaise pas au Grand Orient, d'autant que la plupart des "frères" de la région sont étrangers à cette histoire et qu'ils peuvent se sentir légitimement éclaboussés dans cette affaire, alors qu'ils n'y sont liés ni de près, ni de loin.

De là à affirmer que les loges de la rue Thiers sont victimes de "rumeurs d'amalgames et d'affirmations calomnieuses", il y a un gouffre.

Guy Arcizet, le grand maître de l'obédience au niveau national, est allé plus loin dans une interview publiée jeudi sur le site web de la Voix du Nord. D'après lui, ce témoignage est "un raccourci rapide et, à mon avis, stupide. Qu'il y ait eu des bus transportant des frères, comme pour n'importe quelle association, c'est possible ! Et même vers la Belgique, puisque les loges de Lille sont jumelées avec celles de la Belgique."

Qu'il ne trouve pas ce témoignage crédible, qu'il le trouve "stupide", c'est son droit, mais essayer de faire croire que des bus ont pu partir en soirée en Belgique dans le cadre d'un jumelage, et ce de manière fréquente, paraît encore plus invraisemblable. D'autant que notre source est très précise : à aucun moment il n'a été question d'un voyage de groupe, mais bien d'un transfert vers les établissements de Dodo la Saumure.

Ensuite, M. Arcizet précise que "ces attaques font mal". Mais à qui la faute? Aux journalistes qui font leur travail, ou aux "frères" qui ont violé les principes auxquels ils étaient censés adhérer?

Précisons, à toutes fins utiles, que cette réaction scandalisée du GODF est d'autant plus étonnante qu'avant de publier notre dossier de dimanche, nous avions pris le soin de contacter les autorités maçonniques locales car nous trouvions légitime qu'elles aient un espace pour s'exprimer afin de rappeler les principes de la franc-maçonnerie, ainsi que ses idéaux, qu'on imagine bien loin de cette affaire de moeurs.

Que croyez-vous qu'il nous a été répondu? Le Grand Orient a non seulement refusé toute communication sur cette affaire, mais le porte-parole régional a menacé les journalistes travaillant sur le sujet, leur interdisant expressément de lier le Grand Orient à cette affaire. Et en les prévenant que si cette obédience était citée ou mise en cause dans Nord éclair, il prendrait attache avec leur hiérarchie.

Là encore, sans doute, un comportement individuel bien loin de l'idéal maçonnique pétri d'humanisme.

Après avoir refusé de parler dans Nord éclair, le Grand Orient a donc réussi à retrouver la parole. Mais avant tout, semble-t-il, pour fustiger les amalgames et préserver sa réputation. Guy Arcizet précise aussi qu' "en vertu des valeurs que nous défendons, nous sommes les premiers à dénoncer nos membres s'ils sont impliqués dans une affaire de mœurs". Enfin visiblement, pas au point d'admettre que peut-être, certains membres ont pu passer du bon temps en Belgique en compagnie d'autres "frères".

La rédaction

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