25/02/2010
Les burgers halal, du pain bénit
Que les choses soient claires : le choix de Quick de proposer des menus strictement halal dans son restaurant du centre de Roubaix et dans sept autres en France ne répond qu’à une logique économique. Si le débat est devenu sociétal, c’est que les politiques, le maire de Roubaix en tête, sont tombés les pieds joints dans le piège électoral tendu par Marine Le Pen, à moins d’un mois des régionales.
Que le Front national s’empare de la question, c’est assez logique. En pleine campagne, d’un point de vue stratégique, c’eut été une « faute professionnelle » pour l’extrême droite de ne pas instrumentaliser cette affaire. Un peu comme si un footballeur ratait sa frappe dans un but vide. On est complètement dans le registre Le Pen : père et fille, dont une partie de l’électorat a été avalé en 2007 par l’UMP, ont ajusté leur rhétorique et agite moins l’épouvantail de l’immigration que celui d’une prétendue islamisation avancée de la France. Des burgers halal, pour eux, c’est du pain béni.
Les socialistes auraient-ils dû alors continuer à ignorer, comme ils le faisaient ces dernières années, les gesticulations du Front ? En tout cas, la vive réaction de René Vandierendonck, le maire de Roubaix, a donné une caisse de résonance inespérée (ou espérée après tout) à Marine Le Pen. Et ce qui était, jusqu’alors, une expérience commerciale est devenue une affaire d’Etat. A cet égard, l’option de Quick de retirer le bacon de son restaurant roubaisien révèle le malaise d’une partie de la société française qui a du mal à accepter son évolution sociologique. Roubaix, comme Marseille, compte des enfants, des petits-enfants, des arrière-petits-enfants d’immigrés maghrébins. Dans leur immense majorité, ils ne sont pas catholiques et leur alimentation répond à des interdits religieux. Cela fait-il de ces musulmans des « sous-consommateurs » ?
Bien au contraire. Que l’on sache, aucun d’eux, à Roubaix ou Marseille, n’est allé exiger de Quick des menus halal. Les deux villes comptent suffisamment de snacks proposant de la viande pour musulmans. Ces commerces dégagent, du reste, des bénéfices intéressants. Et c’est peut-être là qu’il faut aller chercher la clé du mystère. Tout l’enjeu alors, pour Quick, était de savoir s’il était intéressant, à la fois pour son image et pour sa caisse, de capter une clientèle musulmane très présente à Roubaix. Y a-t-il quelque chose de mal à cela ?
Si l’on se réfère aux règles qui régissent notre pays, on serait tenté de répondre non. Jusqu’à preuve du contraire, la liberté d’entreprendre n’est pas contestable en France. C’est sur ce fondement, purement commercial, simplement libéral, que s’est appuyé Quick pour mener son expérience. Si ce principe doit être battu en brèche, nombre d’entreprises pourraient considérer leur activité comme discriminatoire. Suivant cette logique, un restaurant lillois, spécialisé dans le porc, devrait revoir complètement sa carte ? Ce n’est pas sérieux… Un magasin de chaussures serait-il obligé d’avoir toutes les tailles, y compris pour les très petits pieds et pour les très grands pieds ? A l’inverse, les magasins spécialisés dans les très grandes pointures et les très petites seraient hors la loi ?
La réalité, c’est que cette affaire de burger halal n’aurait jamais dû dépasser le pas de la porte de Quick, qui s’est offert une sacrée pub à l’œil avec le halal.
Samir HEDDAR
11:35 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : halal, quick, roubaix, vandierendonck, le pen, fn, ps, polémique
Commentaires
Marine Le Pen a utilisé cette histoire, mais c'est bien la voix du nord qui l'a sortie de toute pièces en la remettant dans l'actualité alors... qu'il n'y avait rien de nouveau par rapport au mois de décembre lorsque le lancement de cette expérience avait été annoncé.
Sacrée responsabilité que celle des journalistes, qui ne peuvent ignorer l'impact que peut avoir de tels articles!
Écrit par : raoul | 25/02/2010
ça suinte d'ennui cette campagne . Il y a ceux qui cumulent deux postes ou qui en lorgnent un supplementaire. C'est le rêve. Soyons clairs : qui se refuserait deux salaires ? Et Si on perd une election, il y a toujours le 2e siège pour recuperer l'autre. Quel autre pays en Europe tolère un tel sans gêne ?
On ajoutera un système à deux tours qui favorise le PS et l'UMP et tous les arrangements possibles. D'ou ces carrières interminables de septuagnaires et d'octogenaires. Le monde politique français est immobile et ne reagit plus aux evolutions de la société. Avec ses visions hegemoniques de hamburgers, qu'a apporté le maire de Roubaix au débat ? Si Quick crée des emplois avec ses halburgers, c'est très bien. On attend le Quickphoque, le quick termites pour les Africains, le Quickcaviar pour les Russes, le Quickriz pour les Chinois.
Écrit par : delepierre | 02/03/2010
Quick de Roubaix, à qui profite le crime?
En effet depuis que le maire de Roubaix René Vandierendonck à eu la fâcheuse idée de vouloir préserver une certaine conception de vivre ensemble qui jusqu'a présent n'avait apparemment choqué personne, mais au contraire, semblait être souhaitée par tous ceux qui refuse toutes formes de ségrégations de quelques sorte quelles fussent (ethniques, religieuses, sociales, etc...). la polémique à éclatée, et période électorale oblige tous le monde c'est cru obligé de s'y fourvoyer.
Ce qui à l'origine n'était et aurais du le rester, que le souhait du Maire de maintenir la possibilité que tous les citoyens de sa ville puissent accéder aux mêmes services d'une enseigne commerciale roubaisienne quelque soit leur foi ou leurs gouts culinaire ( le contraire à un nom, discrimination).Evidemment cela ne peut plaire à tous le monde, penser donc, si on s'en prend à leur fond de commerce les Uns comme les Autres font l'union sacrée (d'un extrême à l'autre, tous d'accord) pour défendre leurs bout de pain.
cette affaire c'est transformé en peut de temps en joutes politiques aux relents nauséabonds amalgament pour certains les fantasmes de l'identité nationale qui serait mise en danger par l'immigration et un l'islam sois disant conquérant, et, ne pouvant s’empêcher de suspecter des « raisons cachées », des « pressions » subies par le restaurant roubaisien pour « faire cesser la vente de porc à Roubaix ».Que ces personnes se rassurent. Il n’existe pas de forces obscures musulmanes en France qui font pression. Les instances représentatives elles-mêmes ne se préoccupent pas du marché du halal, qui est loin d’être une priorité.
Et pour d'autres qui tout en se targuant de s'exprimer au nom des musulmans (ce qui est loin d'être vrai) et utilisant l'eternel refrain du droit à la différence et à la reconnaissance des sensibilités contre toutes formes de discrimination, crie à l'injustice, au scandale quand pour une fois que l'on peu discriminer en leur nom, un maire s'y oppose.
Faut'il rappeler que sur Roubaix nous disposons dieu merci de strutures représentatives du culte musulmans, qui auraient pu elles si elles l’avaient jugées nécessaire s'exprimer et prendre position sur le sujet, et ce, ne serai ce qu'au nom de ceux qui les ont élus et peut être des quelques milliers de pratiquants aux seins des mosquées de la ville. Et si avec bon sens et discernement elle ne l'on pas fait, c'est tout simplement parce elles ne se sont jamais sentit stigmatisé ou attaqué en tant que musulmans par la décision du Maire à l'encontre de Quick et que par son action le maire socialiste de Roubaix René Vandierendonck à voulu simplement protéger et éviter à l'ensemble des Roubaisiens une stigmatisation de citoyens Roubaisien par d'autres citoyens Roubaisien en raison de leurs appartenance religieuses afin de faire en sorte de maintenir un vivre ensemble dont la richesse de chacun et un plus pour la ville.
Et si malgré cela les uns comme les autres estiment dans leurs fantasmes respectifs êtres représentatifs, ils ne le sont que de leurs idéologies propres. Jamais Dieu merci ils ne représenteront la majorité des roubaisiens et des citoyens en générale quelques que soit leurs richesse et leurs sensibilités respectives dans la diversité. Croire le contraire serait faire injure à l'intelligence et au bon sens de ces citoyens musulmans, Chrétiens, Juifs, bouddhistes, Athées, etc... Qui font notre République laïque et indivisible.
Il faut se rendre à l’évidence que lorsque le business se targue de défendre les intérêts communautariste ou corporatistes en prenant pour motif le religieux, force et de constater que c’est une erreur contre laquelle il faut résister, car cela revient ni plus ni moins qu'à montrer du doigt à l'opprobre public, des citoyens qui ne demandent qu'à se fondre dans la société. En cela, je pense que le maire de Roubaix à eu raison de pointer la question du doigt.
Dans cette affaire pour ce qui est de quick et de sa stratégie, celui ci a décidé d'adapter au halal certains de ses restaurants pour des raisons purement économiques. Quick n’a absolument pas agit par précipitation ni même par gourmandise. Le nouveau patron de Quick n’est pas un débutant. Ni dans le business, ni dans le halal. Ancien directeur des opérations du groupe Casino, il a été partie prenante dans le développement de Wassila, le halal by Casino. Avec Quick, dont il est PDG depuis peu, Jacques-Edouard Charret n’a fait que répliquer la stratégie gagnante de son ancienne entreprise. Il ne change pas les bonnes recettes, il les adapte. Et lorsqu’elles fonctionnent, il les garde. Autant dire que, malgré la polémique, Quick ne changera pas de fusil d’épaule. Aucune entreprise n’accepterait de se voir interdire des bénéfices aussi importants que ceux générés par la cible commerciale que constituent les consommateurs musulmans. Qu’on se le dise, l’arrivée de Quick sur ce marché porteur n’est qu’un avant-goût de ce qui nous attend.
Merouchi Mohamed
Écrit par : Mohamed M | 07/03/2010
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