10/02/2010

Quand le ministère de l’Intérieur fait sa com’ chez TF1

Quand le ministère de l’Intérieur veut assurer la promotion de sa politique de lutte contre les cambriolages, érigée depuis l’été dernier en priorité nationale, il sait où frapper : à la porte de TF1, pardi! C’est ce qui s’est produit cette semaine dans le Nord, où un gros coup de filet a été organisé mardi 2 février.


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A l’aube, près de 250 policiers et gendarmes ont été mobilisés pour mener une vague d’interpellations visant à démanteler une bande soupçonnée d’avoir commis près de 120 cambriolages dans la métropole lilloise, le Douaisis et la région de Dunkerque. La bande dite des « barillets ».

250 policiers et gendarmes, flanqués d’une équipe de journalistes de la première chaîne. Une semaine avant le jour J, la police nordiste a en effet appris de sa hiérarchie parisienne que TF1 suivrait le coup de filet pour le journal de 20 heures. Bon gré mal gré, contrainte d’obéir aux ordres, la direction départementale de la sécurité publique du Nord a mis les petits plats dans les grands, pour plaire aux cameramen de la Une, et donc, indirectement, à la place Beauvau.

L’équipe de TF1 a donc pu tout filmer : l’arrestation des suspects, les premières auditions, les perquisitions. Elle a même obtenu le droit de montrer au 20 heures des éléments d’enquête, à savoir des images de vidéosurveillance, qui montrent une des personnes interpellées en train de quitter un appartement cambriolé avec un sac bien rempli. Ou encore des extraits de bandes d’écoute, nous laissant entendre un des suspects commenter le cambriolage en direct live au téléphone. Et en prime, pour boucler le tout, un témoignage de victime lui a été offert sur un plateau.

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Bref, la totale. Le secret de l’instruction, qu’importe : les grands moyens ont été accordés à TF1, pour montrer à la France qui se lève tôt que ses policiers bossent pour elle, et obtiennent des résultats. Accessoirement, il s’agissait aussi pour le ministre de l’Intérieur de montrer que sa création, les cellules anti-cambriolages départementales, servent à quelque chose.

Bien sûr, pour la première chaîne, l’occasion était trop belle : il est difficile d’envisager, pour un journaliste, de refuser de participer à une telle opération. Nord éclair aurait-il dédaigné une telle invitation?

Il n’en reste pas moins que c’est bien à TF1 que la proposition a été faite. Tout a été montré aux équipes du plus regardé des JT français. En comparaison, les médias locaux ont hérité de la portion congrue de l’information : une conférence de presse au lendemain du coup de filet, au cours de laquelle les réponses aux questions ont été plus que vagues. On montre tout au téléspectateur de TF1, mais on est prudent dans ce qu’on laisse à voir au lecteur nordiste.

Une illustration de plus, s’il en fallait une nouvelle, du choix très clair que les autorités policières ont fait depuis des lustres en matière de communication : privilégier, avant tout, les chaînes de télévision. Question d’impact.

Bruno Renoul

Commentaires

Merci Nord éclair de poser sur la place publique les coulisses médiatiques. Il faut, il est même d'une urgence vitale et citoyenne, que tout le monde puisse comprendre comment cela marche... Pour qu'un jour, on puisse espérer que les spectateurs de TF1, deviennent des spect-acteurs ? l'espoir fait vivre. La télé, moins...

Écrit par : djoum | 10/02/2010

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