Des clics politiques et des décryptages

Alors qu’Arnaud Bouillon, candidat à l’élection présidentielle de 2012 pour le Bloc identitaire, est à Lille jeudi pour une réunion publique, la Maison flamande, repaire des identitaires de la métropole lilloise installé à Lambersart, appelle sur son blog à boycotter cette soirée.
« Si vous voulez nous aider, pas de soucis mais sachez vous reconnaître dans nos valeurs et ne pensez jamais à récupérer ce que nous faisons car comme nos ancêtres gaulois nous sommes libres et indépendants », écrivent « Claude et Nicolas » sur le blog des identitaires de Lambersart dans un billet intitulé « Non au dictat de la pensée ».
Pourtant, quand on jette un œil sur le programme d’Arnaud Bouillon, on y voit tout ce qui met le cœur des militants de la Vlaams Huis en fête : réaffirmation de l’identité occidentale, lutte contre l’ « islamisation » de notre société, volonté de recréer une démocratie de proximité délivrée des dictats national et européen, et désir de décentralisation et de retour au « local ».
Cet appel au boycott est d’autant plus comique qu’originellement, le Bloc identitaire et les Jeunesses identitaires avaient été parties prenantes de la création de la Maison flamande, en 2008. Lors d’une conférence de presse organisée en novembre à la Vlaams Huis, Claude Hermant, son porte-parole, avait annoncé que l’association avait été rompue mais qu’il ne s’agissait « pas d’une scission », mais d’une « prise de distance » : « Nous en sommes sortis car le Bloc identitaire voulait nous imposer des campagnes nationales, tout le contraire de notre volonté de faire émerger des idées venues du local », précisait alors Claude Hermant.
En réalité, la Maison flamande n’est surtout pas prête à partager le gâteau identitaire régional, ni à voir la toile patiemment tissée récupérée par un concurrent, quand bien même il partagerait avec lui toutes ses idées.
Alors qu’au plan politique, Marine Le Pen tente de recréer un nouveau Front national plus présentable que celui de son père, plus identitaire que traditionnel, force est de constater que les mouvances qui constituent l’extrême droite identitaire continuent de se livrer en coulisses à une guerre sans merci.

Bruno Renoul